1.
Le
soleil
Le
soleil est une
étoile naine jaune composée d'environ 74%
d'hydrogène, de 24% d'hélium et d'une fraction
d'éléments plus lourds, il est
âgé de
près
de 5 milliards d'années et a déjà
vécu la moitié de sa longue vie.
Le soleil est l'astre du jour sans lequel la vie
sur
Terre ne serait pas possible. Il a une masse de 2*10
30
kg (330.000 fois la masse de la Terre), un diamètre de
1.392.000 km et se trouve à 150 millions de km de la
Terre. Il est composé d'un certain nombre de structures.
Au centre du soleil se
trouve un noyau qui occupe 15% de l'étoile, à
une température de 15 millions de degrés
où l'hydrogène est transformé
en hélium par réactions nucléaires.
Durant la combustion de
l'hydrogène, des photons et des neutrinos sont
crées.
Puis on
trouve une zone radiative d'une épaisseur de 244.000 km,
très dense, qui
représente 98% de la masse du soleil. Un photon mettra
jusqu'à un
million d'années à traverser. La
température varie de 10
millions de degrés à 500.000°C en
s'éloignant du centre.
On arrive ensuite à la zone de convection de près
de
200.000 km qui évacue la chaleur vers l'extérieur
par
des mouvements tourbillonnaires.
La surface visible du Soleil qui a environ 500 km
d'épaisseur et une
température de 6000°C est la photosphère.
C'est à son niveau que la
lumière visible est produite.
Au dessus de la photosphère, se
trouve la chromosphère, augmentant progressivement en
température jusqu'à la couronne et pouvant
atteindre 10.000 km
d'épaisseur.
Il y a enfin la couronne solaire. C'est une couche de
gaz
très peu dense au dessus de la surface solaire. Elle est
très chaude, atteignant à nouveau une
température
de plusieurs millions de degrés. On peut l'observer
à
l'oeil
nu durant les
éclipses totales de soleil.
Les
astronomes utilisent des coronographes pour
simuler
une éclipse solaire et observer la couronne en toute
période.
Nous allons donc
nous intéresser plus particulièrement
à l'observation de la
couronne solaire.
Mais pourquoi et dans quel but est-ce intéressant ?
La température du Soleil va en décroissant,
depuis le
coeur où est concentrée la source
d'énergie
à plusieurs millions de degrés,
jusqu'à la
photosphère à quelques
milliers de
degrés. Il
est logique de penser que la température va continuer de
décroître en s'éloignant encore de la
source, comme
prévu par les lois de la
thermodynamique. Pourtant, la couronne située
au-delà
de la photosphère se trouve à plusieurs millions
de
degrés.
Parmi d’autres mystères, notre
système solaire est baigné dans un flot de
particules,
des protons et des électrons, éjectés
du
Soleil en
continu à de très grandes vitesses. L'observation
de la
couronne présente donc un grand intérêt
pour
ses aspects encore mal expliqués et les
phénomènes produits dans les couches plus
profondes
de notre
étoile.
La Terre est affectée dans son environnement proche (son
atmosphère) par les particules (vent solaire) et le champ
magnétique émis depuis
la couronne : C'est une raison de plus de s'interesser à la
couronne solaire.
Vue d'une
éclipse totale de soleil :
Le halo lumineux que l'on distingue est la couronne
et le disque rouge autour du soleil est la chromosphère
2. Principe
général de la coronographie
La rareté des
éclipses totales de soleil, leur courte durée et
les distances à parcourir lorsqu'on veut les observer ont
amené les scientifiques à chercher,
dès 1878, une méthode pour pouvoir
étudier la couronne à tout moment.
C’est Bernard
Lyot qui inventa le premier coronographe solaire dans les
années 1930 à l’observatoire du pic du midi pour reproduire le
phénomène des éclipses de Soleil et
étudier de façon systématique la
couronne solaire.
Il fabriqua un instrument
muni d’un disque opaque pour occulter le Soleil
mais il y rajouta un diaphragme sous-dimensionné dans le
plan pupille (plan d'entrée de la lumière dans l'instrument) de façon à filtrer la
lumière diffractée.
Il a analysé
finement les phénomènes de réflexion
et de
diffraction à l'intérieur de son dispositif. Il
a,
grâce à cette étude, pu concevoir une
optique
permettant de séparer la
lumière en provenance de la couronne solaire et celle
diffractée par le bord de l'objectif principal.
Le principe du coronographe consiste à placer un
disque
occulteur d'un diamètre proche du diamètre
apparent du
Soleil qui masque ce dernier.
Cela permet de ne plus
être ébloui et de pouvoir faire ressortir les
régions faiblement lumineuses (la couronne est environ un
million de fois moins lumineuse que le disque solaire).
Cette invention a permis de faciliter l'observation de la
couronne. Cependant, la nécessité de
réduire au maximum la lumière diffusée
provenant de la surface solaire impose d'installer un disque occulteur
légèrement plus grand que le diamètre
apparent du Soleil ce qui rend la région plus basse de la
couronne inaccessible. Cette observation est néamoins
indispensable pour expliquer la formation de la couronne.
Soleil vu au travers d'un
coronographe (SoHO) :
Le coronographe permet aussi de rendre visible des objets orbitant
près de l'étoile.
C'est ainsi que le satellite d'observation
solaire
SoHO (Solar and
Heliospheric Observatory/Observatoire Solaire et
Héliosphérique) a révélé de nombreuses comètes (en un peu moins
de dix ans
de fonctionnement, SoHO a
permis
de révéler 1 000
comètes).
La technique du coronographe a depuis quelques
années été adaptée
à l'étude d'autres étoiles que le
Soleil pour pouvoir détecter de nouvelles
exoplanètes.
3.
Le
SBM
Le SBM (ou Sky Brightness Monitor) est un petit
coronographe solaire à occultation externe mesurant la
brillance
du ciel autour du soleil.
Le SBM a été construit par le National
Solar Observatory, initialement au nombre de 6, pour l'ATST (Advanced
Technology Solar Telescope, projet
Americain de télescope solaire de 4 mètres de
diamètre). Il est en fonctionnement au dôme C
depuis
Janvier 2008.
Le SBM :
L'objectif du SBM est maintenu dans l’ombre du
soleil par un disque occulteur. Il transmet une image du soleil
très
atténuée (d’un facteur 10
5)
pour réduire
au maximum la lumière diffusée par
l’instrument. Il
peut mesurer la brillance du ciel autour du soleil,
même
très faible.
Le SBM utilise 4 filtres, un bleu, un vert et 2
proche infrarouge. Un des filtres proche infrarouge est
centré sur une
bande d’absorption de la vapeur d’eau pour en
mesurer le
taux dans l’atmosphère.
Type d'image fournie par
le SBM (dans les 4 filtres) :
L'intérêt de mesurer la brillance du ciel est
d'étudier sa
pureté. Avec une brillance
minimale, on obtient une purêté maximale.
Ces mesures ont pour but de déterminer l'interêt d'installer sur
ce site un coronographe plus évolué qui a besoin de
conditions optimales pour fonctionner.
Or, ce sont les propriétés de diffusion et d'absorption de
l'atmosphère qui sont responsables de la brillance du ciel.
4. L'atmosphère
terrestre
L'atmosphère terrestre est importante
à prendre
en compte. De par ses propriétés
d'
émission,
d'
absorption et de
diffusion, elle influence la qualité
des observations.
En effet, c'est grâce à la
diffusion de
la lumière dans
l'air que notre ciel est lumineux durant la journée.
On comprend alors l'intérêt d'utiliser un SBM afin
de
trouver un ciel le plus pur possible.
L'atmosphère terrestre est l'enveloppe gazeuse entourant la
Terre. Elle est composée principalement de
dioxygène et
de diazote. Il n'y a pas de frontière définie
entre
l'atmosphère et l'espace, elle devient de plus en plus fine
et
s'évanouit peu à peu dans celui-ci. La ligne de
Kàrmàn, à 100 km, est
fréquemment
considérée comme la frontière entre
l'atmosphère et l'espace.
Elle est divisée en plusieurs couches d'importance
variable, leurs limites ont été fixées
selon les discontinuités dans les variations de la
température, en fonction de l'altitude.
Les diverses couches de
l'atmosphère :
De bas en haut :
- la troposphère : la température
décroît avec l'altitude (de la surface du globe
à 8-15 km d'altitude). L'épaisseur de
cette couche varie entre 13 et 16 km à
l'équateur, mais entre 7 et 8 km aux
pôles. Elle contient 80 à 90 % de la
masse totale de l'air et la quasi-totalité de la vapeur d'eau.
C'est la couche où se produisent les
phénomènes météorologiques
(nuages, pluies, etc.) et les mouvements atmosphériques
horizontaux et verticaux (vents, ...).
- la stratosphère : la
température croît avec l'altitude
jusqu'à 0°c
(de 8-15 km d'altitude à 50 km
d'altitude), elle abrite une bonne partie de la couche d'ozone.
- la mésosphère : la
température décroît avec l'altitude (de
50 km d'altitude à 80 km d'altitude)
jusqu'à -80°c.
- la thermosphère : la température
croît avec l'altitude (de 80 km d'altitude
à 350-800 km d'altitude).
- l'exosphère : de 350-800 km d'altitude
à 50.000 km d'altitude.
Sa composition la rend relativement transparente aux
rayonnements électromagnétiques dans le domaine
du spectre visible. Elle est cependant
opaque aux rayonnements infrarouge émis par le sol, ce qui
est à l'origine de l'effet de serre.
Il s'y produit aussi
différents phénomènes optiques
causés par des variations continues ou non de l'indice de
réfraction du milieu de propagation des ondes
électromagnétiques.
Parmi ces
phénomènes, les plus notables sont les arcs en ciel et les mirages.
5.
Le
dôme C
Le dôme C, aussi connu sous le nom de
dôme Charlie, est un plateau de l'Antarctique culminant
à 3 233 mètres, de
coordonnées
75°06′ S, 123°20′ E.
Il se trouve à environ 1 100 km de la base
française Dumont d'Urville et à 1 200 km de la
base italienne Terra Nova Bay.
Ce site accueille la base antarctique franco-italienne Concordia.
Dans les années 1970, le site
fut l'objet de nombreux prélèvements de calottes
glaciaires par plusieurs géologues de diverses
nationalités.
Il fut appelé Dôme
Charlie
par les forces de secours de la marine des États-Unis en
raison
du code international utilisé pour la lettre C.
En effet, en
janvier et novembre 1975, l'escadre VXE-6, qui apportait le soutien
logistique à l'équipe sur place, endommagea
sévèrement trois Hercules LC-130 lors du
décollage.
L'U.S. Navy
établit un camp en hiver 1975 et hiver 1976
(l'été
en hémisphère Sud) pour retrouver les avions et
pour les
réparer. Les trois avions
redécollèrent vers McMurdo
Station le 26 décembre 1975, le 14 janvier 1976
et le 25 décembre 1976.
Le comité
américain des noms de l'Antarctique (ACAN)
considéra que le nom de dôme Charlie
était trop littéraire par rapport à la
dénomination dôme C, déjà
surnommé dôme Circe par les membres de
l'équipe radio de l'airborne en 1982.
En 1992, les Français
décidèrent de chercher un emplacement dans le
continent où créer une nouvelle station pour
compléter la base côtière Dumont
D'Urville. Les Italiens se joignirent au projet quelques
années plus tard.
Une équipe atteignit le
dôme C et commença à construire un camp
en 1996. La station Concordia ne fut réellement
opérationnelle qu'en 1997.
Le ralliement au dôme C s'effectue :
- soit par convois terrestres, au départ de Dumont
d'Urville (une dizaine de jours pour 1 100 km)
- soit par transport aérien léger au
départ de la base italienne Terra Nova Bay (4 heures d'avion
pour 1 200 km).
Le ciel est très pur en
haute montagne ce qui permet d'observer la couronne solaire en dehors des éclipses.
Le dôme C est un site favorable
pour l'astronomie
(et en particulier pour l'observation de la couronne solaire) car il
permet des observations d'une qualité exceptionnelle. En
effet, l'atmosphère antarctique est stable,
sèche, moins polluée et permet d'observer le soleil dans
des conditions exceptionnelles même si il culmine
à 38° au solstice de decembre. Le
ciel y est clair sur de longues périodes . De plus, le jour
polaire dure environ 3 mois au
dôme
C (de Novembre à février).
Le ciel est très peu émissif près
du
soleil ce qui permettra des observations de la couronne solaire impossibles
à obtenir ailleurs.
Un projet de la Commission Européenne Antarctic
Research a European Network for Astrophysics (ARENA) a pour objectif de
décrire une feuille de route des développements
astronomiques au dôme C pour les dix prochaines
années (2008-2017), ce qui pourrait justifier
l'intérêt de
faire des mesures avec un appareil de type SBM.
Le dôme C est très supérieur aux sites
astronomiques classiques. On pense qu'il est superieur à Hawaï, site astronomique
réputé et ayant été choisi
pour l'ATST.
La
présence d'un SBM à Concordia permettra de prouver le
fait qu'il est plus judicieux de faire ce type de mesures au dôme C
plutôt qu'ailleurs.