La
détection
d'exoplanètes a été
évoquée pour la
première fois en 1952 dans un article d'Otto Struve,
"Proposal
for a project of high-precision stellar radial velocity work", dans
lequel il mentionne la méthode des vitesses radiales et la
méthode des transits.
•
Imagerie directe
Cette
méthode est délicate à mettre en
oeuvre en raison de la très grande différence de luminosité entre
l’étoile et sa planète, en guise
d'illustration, pour une planète massive on a:
En 2004, des chercheurs ont pris le premier cliché
d’une
exoplanète avec un des télescopes de 8,2 m du VLT
(le
Very Large Telescope) de l’ESO (European Southern
Observatory:
Observatoire Européen Austral) au Chili: celle-ci tourne
autour
de la naine brune GPCC-2M1207. En 2005, des astronomes ont pu
discerner, avec le télescope spatial Spitzer, la
lumière
infrarouge émise directement par deux planètes,
déjà détectées par la
méthode des
vitesses radiales, malgré la lueur éblouissante
et toute
proche de leurs étoiles.
L’amélioration des techniques d’imagerie
passe par:
-
le
développement de l’optique adaptative pour
minimiser la
turbulence atmosphérique. Les rayons lumineux sont
déviés en traversant l'atmosphère, ce
qui se
traduit par le scintillement bien connu et une perte de
résolution. On déforme le miroir à
l'aide de
vérins asservis par ordinateur, afin de supprimer les
distorsions dues aux turbulences.
- la construction de télescopes de plus grand
diamètre
afin de réduire la taille angulaire de
l’étoile et
d’obtenir de meilleures résolutions angulaires.
- l’utilisation de coronographes, des instruments qui
masquent le
disque solaire et suppriment la lumière diffusée
par
l’étoile.
- l’observation infra-rouge, domaine spectral où
une
planète émet le plus, qui augmenterait le
contraste entre
l’étoile et sa planète.
- l'interférométrie ou l'art de coupler plusieurs
télescopes, espacés jusqu'à des
milliers de km,
permet d'accroître leur possibilités. Ainsi on
multiplie
artificiellement les résolutions par 10.
•
Méthode des vitesses radiales ou spectroscopie
Elle a permis la
détection de la plupart des exoplanètes
à
commencer par 51 Peg. Elle consiste à mesurer
l’effet
Doppler-Fizeau d’une étoile dû
à son
mouvement périodique autour du centre de masse du
système
étoile-planète. Le mouvement du compagnon ne peut
être mesuré car celui-ci est trop peu lumineux
pour
être détecté. Lorsqu’un corps
céleste
s’approche d’un observateur, les raies de son
spectre se
décalent vers les hautes fréquences, autrement
dit vers
les petites longueurs d’onde (violet-bleu). Quand il
s’éloigne, on observe un décalage vers
les grandes
longueurs d’onde (rouge). On peut faire l’analogie
avec le
son : lorsqu’une ambulance s’approche de nous, nous
avons
l’impression que le son qu’on entend est plus aigu
(fréquence plus élevée) que
lorsqu’elle
s’éloigne.
L’écart en longueur d’onde
divisé par la
longueur d’onde connue est égal à:
avec v la vitesse
radiale de la source, c
la vitesse de la lumière et R
le pouvoir de résolution du spectromètre
utilisé.
Les spectromètres modernes ont une résolution
pouvant
atteindre 144000, ils peuvent ainsi mesurer des vitesses de
l’ordre de 20 km/s avec une précision proche de 2
m/s pour
des longueurs d’onde comprises entre 510 et 1010 nm. Par
exemple,
le mouvement du Soleil dû à la présence
de Jupiter
est de 12,5 m/s. Cette méthode ne permet donc pas la
détection d'exo Terres qui induisent des vitesses de l'ordre
de
0,1 m/s.
L'amplitude des perturbations est donnée par :
où G = 6,67.10-¹¹
SI est la constante de gravitation, P la période de
révolution, Mp la masse de la planète, M celle de
son
étoile (connue), i l’angle d’inclinaison
du plan de
l’orbite de la planète (inconnu) et e
l'excentricité de l'orbite.
On peut
déterminer par
cette méthode la période de révolution
de la
planète (c'est la période de la courbe de
vélocité) et le demi-grand axe de l'orbite par la
troisième loi de Kepler :
l'excentricité
de son orbite (par la forme de la courbe) et sa masse minimale:
mais pas son rayon
et donc sa densité.
Cette méthode a cependant des limites:
- l'étoile doit être proche du Soleil (50 pc est
le maximum).
- la planète doit être massive et à
courte
période (ces planètes ont
été
baptisées «Jupiter chauds») : les moyens
actuels
permettent la détection d'une planète de masse
minimale
de:
située
à 1 UA d'une étoile d'une masse
solaire.
- l’orbite de la planète ne doit pas
être
perpendiculaire à l’axe
observateur-étoile car la
vitesse radiale de l’étoile est nulle (cas le plus
favorable à l’astrométrie, voir
ci-après).
- pour détecter sans ambiguïté une
planète,
la durée de surveillance de l’étoile
doit
être au moins égale à sa
période de
révolution: l’étude des
exoplanètes
n’ayant débuté que depuis 12 ans, des
planètes gazeuses en orbite lointaine comme Uranus et
Neptune
n’ont pas encore été
découvertes.
- cette méthode est plus précise si le spectre de
l’étoile contient beaucoup de raies. De plus,
l’étoile ne doit pas présenter une
activité
coronale trop importante ce qui fausserait les mesures.
•
Astrométrie
Le but de
l’astrométrie est de mesurer les positions, les
parallaxes, et les mouvements propres des corps célestes.
Projeté sur le ciel, le mouvement d’une
étoile
apparaît comme une ellipse d’angle α (en
arcsec) par
rapport au demi grand axe a:
avec a
en UA et d la
distance à la Terre en pc.
Pour un
système
Soleil-Jupiter situé à 10 pc, α ~ 0,5
milliarcsec,
et pour un système Soleil-Terre à la
même distance,
α ~ 0,3 microarcsec. Dans un futur proche avec le
développement de l’optique adaptative et de
l’interférométrie visuelle, les mesures
au sol
pourront atteindre un niveau de précision de
l’ordre de 20
microarcsec ce qui correspond à une planète de 66
Mt
gravitant à 1 UA de son étoile située
à 10
pc.
Cette méthode présente l’avantage
suivant : si M
et d sont connus ainsi que a (méthode des vitesses
radiales), on
peut en tirer Mp sans avoir besoin de connaître i.
Elle est aussi accompagnée d'inconvénients :
- la précision des mesures doit être meilleure que
1
milliarcsec, ce qui limite les observations aux étoiles plus
proches que 10 pc.
- la turbulence atmosphérique limite les mesures depuis le
sol.
- elle est sensible aux variations du centre photométrique
(centre de la tâche la plus lumineuse) dues à
l’activité de l’étoile.
A ce jour, aucune
détection n’a été
confirmée.
• Pulsars
Le premier
système
à plusieurs planètes a été
trouvé en
1992 : ce système de 3-4 planètes, de tailles
égales voire inférieures à celle de la
Terre, est
en orbite autour du pulsar PSR 1257+12 (PSR pour pulsar, 1257+12
représente les coordonnées célestes de
l’objet, respectivement l’ascension droite ,12h57
mn, et la
déclinaison, 12 °), situé à
une distance de
500 pc. Un pulsar est le vestige d'une étoile massive qui a
explosé en supernovae : il s'agit d'une étoile
à
neutrons émettant un puissant rayonnement radio. Cette
étoile est en rotation rapide sur elle-même et le
faisceau
radio «balaye» l'espace comme un phare. Celui-ci
peut
être capté par les instruments terrestres
à
intervalles de temps très réguliers. Il existe
deux types
de pulsars: les pulsars «lents» et les pulsars
millisecondes. Le moindre écart à la
période de
réception est facilement mesurable et peut être
relié à des perturbations dynamiques
causées par
des planètes gazeuses ou telluriques pour des pulsars
«
lents », ou par des corps de la taille de la Lune ou de gros
astéroïdes pour les pulsars millisecondes. On ne
connaît actuellement que deux pulsars abritant des
exoplanètes. Ces planètes se sont probablement
formées après l’explosion de
l’étoile,
montrant ainsi que la formation de planètes est un
phénomène plutôt commun que rare.
•
Microlentilles gravitationnelles
Cette
méthode,
développée dans les années 90, est une
application
de la théorie de la relativité
générale
d'Einstein : les rayons lumineux suivent une trajectoire
incurvée à proximité d'objets
très massifs
(ceci a été vérifié lors de
l'éclipse de 1917). Le nom de lentille vient du fait que
l'on
peut comparer le champ de gravité de l'étoile
à
une lentille qui focaliserait la lumière émise
par une
source à l’arrière-plan. Le
rôle de la
lentille est joué ici par une étoile
(éventuellement accompagnée de sa
planète).
Lorsque cette étoile passe devant un objet brillant et
lointain
(de distance connue), le flux lumineux émis par cet objet
est
amplifié. L'intensité et la durée du
phénomène dépendent de la masse de
l'objet
déflecteur. Une amplification peut durer un mois pour
l'étoile et une journée pour la
planète avec une
amplitude de 10 à 100 fois plus faible pour cette
dernière. Si la courbe de lumière
présente une
anomalie (un pic dissymétrique, cf. courbe accompagnant
l'image
ci-dessous), on peut en déduire la présence d'une
planète. Cette méthode est d'autant plus efficace
que le
champ d'étoiles observé est dense, par exemple en
direction du centre galactique. Elle est limitée aux
planètes massives orbitant autour d'étoiles dont
la
distance est de quelques kpc. De plus, le passage d'une
étoile
devant un objet est un phénomène non
prévisible et
non reproductible. Cette méthode a permis deux
détections. La méthode des microlentilles
gravitationnelles est particulièrement
intéressante, car
elle est à l'heure actuelle la seule méthode
capable de
détecter depuis le sol des exoplanètes dont la
masse
serait égale à quelques fois celle de la Terre.
illustration de la méthode des
microlentilles gravitationnelles
• Transit primaire
(méthode indirecte)
Le transit de la
planète devant son étoile fait varier la luminosité de cette
dernière.
Cette méthode de détection indirecte est
basée sur l'étude de la luminosité
de l'étoile. En effet, si celle-ci varie
périodiquement
cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
Bien que la variation de luminosité
d'une étoile soit plus facilement repérable que
la
variation de sa vitesse radiale, cette méthode se
révèle peu efficace en terme de
quantité de
planètes détectées par rapport
à la somme
des étoiles observées. En effet, on ne peut
l'utiliser
que dans le cas où nous observons le système
stellaire
quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations
aléatoires de l'orbite, la probabilité
géométrique de détection par cette
méthode
est inversement proportionnelle à la distance entre
l'étoile et la planète.
Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de
télescopes de dimensions raisonnables.
• Transit secondaire (méthode
semi-directe)
Le
principe repose comme son nom l'indique sur le transit secondaire,
c'est à dire quand la planète passe
derrière
l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les
photons
provenant de l'hémisphère
éclairé de la
planète, ce qui en fait une méthode semi-directe.
En
résumé, on étudie le signal lumineux
provenant
d'une planète éclipsée par son
étoile et
l'on retire ensuite le signal lumineux émis par
l'étoile
(que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la
signature de
la planète.
La première détection par transit secondaire a
été faite avec le télescope spatial
Hubble en 2003
sur l'étoile HD209458.
Récemment, des équipes d'astronomes ont
réussi
à détecter deux exoplanètes de
manière
directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui
étaient déjà connues, ont
été
repérées grâce à la
lumière
infrarouge qu'elles émettaient.
Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de
l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais
pouvoir
essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles
des
exoplanètes repérées jusque
là, telles que
la couleur, la réflectivité et la
température.
Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont elles
viennent à se former.